Docteurs

Cretin Nadine

Hagiographie, toponymie et prénomination : les saints des propres diocésains de Chartres et de Mende

Thèse sous la direction de Philippe Boutry, soutenue le 30 janvier 2010 (mention très honorable)

Cette thèse, qui s’articule autour des calendriers locaux appelés « Propres diocésains » de Chartres et de Mende, a pour but de chercher à mesurer l’implantation des saints locaux, tant dans la toponymie que dans la prénomination de ces deux diocèses éloignés, volontairement choisis en pays de langue d’oïl et de langue d’oc. Mis à part pour ceux que la toponymie « dévoile », la connaissance des saints locaux semble réservée à l’Eglise, car les Propres diocésains sont des livres liturgiques post-tridentins très peu répandus parmi les laïcs. Toutefois, ces Propres sont essentiels pour comprendre l’hagiographie locale : les saints qu’ils recensent ont souvent laissé leur empreinte à la région. Leur étude approfondie nous montre que les trois volets – hagiographie locale, toponymie et prénomination – ne sont pas aussi étroitement liés entre eux que nous aurions pu le penser dans un pays où la culture chrétienne est profondément enracinée. Plus que les autres saints, les saints locaux retenus par la toponymie restent humains et deviennent même familiers, méritant parfois un surnom ou une déformation hypocoristique. Mais les saints locaux, même quand leurs cultes sont populaires, justifient rarement l’emploi de leur nom dans la prénomination.  

La problématique de notre recherche nous conduit à suivre une méthode claire pour aborder l’origine vaste et mal connue des hagiotoponymes et des prénoms. Notre approche, illustrée de graphiques ou de cartes, en est autant que possible quantitative. Après avoir présenté en deux chapitres liminaires la constitution des Propres des deux diocèses retenus, ainsi que l’histoire religieuse locale, la thèse se décompose en trois parties clairement indiquées dans le titre : hagiographie, toponymie et prénomination. 

La première partie est consacrée à l’étude des saints retenus dans la dernière édition des Propres de Chartres (1977) et de Mende (1974), révisés à Rome par la Congrégation du Culte divin après le concile Vatican II : d’abord, la Vierge et ses qualificatifs locaux (« Notre-Dame de la Brèche », à Chartres par exemple) ; ensuite, les saints du premier millénaire, connus ou non, qui y sont en nette majorité ; enfin, les saints du bas Moyen Age, de l’époque moderne et de l’époque contemporaine. Le relief si opposé des deux diocèses et la présence des divers éléments, de l’eau en particulier, nous aide à comprendre l’importance du lieu géographique : partout, ces saints personnalisent la protection divine, qu’ils aient brillé par leur épiscopat ou « sanctifié » un désert, une forêt ou une grotte, avec une étonnante stabilité de leur culte à travers le temps et l’espace.  

La deuxième partie, concernant la toponymie, retrace l’histoire des hagiotoponymes des deux diocèses, tant des saints patrons des localités que des titulaires des églises, où la notion cultuelle est nettement plus importante, et les différents enjeux qui peuvent expliquer les choix. 

Enfin, la troisième partie étudie l’histoire de la prénomination des deux diocèses en considérant l’utilisation des saints locaux dans les différentes classes sociales à des époques diverses, dont la plupart ne remontent pas au-delà du XVIe siècle puisque nous avons essentiellement travaillé à partir de registres paroissiaux et d'état civil (l’Ordonnance de Villers-Cotterêts qui a répandu l’usage des registre paroissiaux date de 1539). A l’aide de chiffres les plus précis possible, cette partie recense les saints locaux des Propres et les hagiotoponymes qui ont servi à la prénomination de certaines localités du diocèse, bousculée par l’importante arrivée de la multiplicité et l’imprégnation des modes qui uniformisent le choix des prénoms.

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